J'écris. Pour un blog littéraire, il vaut mieux. J'écris de tout, pour les jeunes, les moins jeunes, des nouvelles, du théâtre, de l'humour et mes humeurs. La liste des courses, alors que d'autres dressent la liste de leurs envies... Mais je vous l'épargnerai ! La liste des courses, je veux dire. Donc, bonjour et bienvenue sur "Ah, vous écrivez ?" mon blog littéraire.
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samedi 22 octobre 2011

Roman érotique.

Elle était nue face à lui, mutine et ingénue à la fois. Les rayons du soleil pénétraient par la fenêtre et satinaient sa peau. Il approcha sa main droite de ses seins. Ses doigts tremblaient. Il avala sa salive, fit quelques pas dans sa direction. Il la touchait presque. Son souffle s’accéléra quand il posa sa paume gauche sur ses fesses. Doucement, lentement il descendit jusqu’à son…

« Fabien ! Les enfants ! A table ! Dépêchez-vous, ça va refroidir… »
Fabien sursaute, ferme les yeux et réprime un juron. Ça y est, l’inspiration a fichu le camp ! Bon sang mais Marion peut pas la fermer, non ? Il lui a dit cent fois que quand il écrit elle ne doit pas le déranger. Même pour manger. Surtout pour manger. Pourquoi ne comprend-elle pas qu’il n’en a rien à faire de manger quand il est en plein processus créatif ? Que sa nourriture dans ces moments-là, c’est la littérature ? De toute façon elle le fait exprès, il en est sûr… Elle ne veut pas comprendre. Fabien soupire, enregistre son texte et ferme Word. Il va les manger ses raviolis insipides, en espérant que sa femme ne va pas le barber avec ses histoires de nana… Plus vite il aura fini, plus vite il retournera auprès de ses chers personnages. Si au moins Marion savait cuisiner…

Cynthia, lascivement allongée sur le grand lit recouvert de satin rose, offrait son corps au regard fasciné de Marc. Un sourire coquin flottait sur ses lèvres pulpeuses. Marc ressentait une douce chaleur se diffuser dans ses reins et son bas-ventre. En une enjambée il fut près du lit. Il s’allongea près de la jeune femme et entreprit de…

« Mon chéri, tu préfères quel motif pour le papier peint du salon ? Les rayures vertes sur fond beige ou bien les petites fleurs mauves et jaune pâle ? J’hésite tu sais… »
Fabien clique précipitamment sur la croix en haut à droite, fermant le document sans enregistrer les dernières lignes écrites. L’idée que sa femme puisse lire par-dessus son épaule lui est insupportable. « Et merde ! » pense-t-il. Il s’efforce de contrôler sa voix qui grimpe toujours dans les aigus quand il est contrarié.
— Marion, je t’ai demandé de me laisser travailler cet après-midi. C’est pas compliqué non ? Tu sais bien que mon éditeur attend les derniers chapitres de mon nouveau roman. Si tu m’interromps tout le temps, comment veux-tu que j’avance ?
— Ok, ok ! Mais il faudra bien qu’on se décide pour la tapisserie, depuis le temps qu’on en parle. »
« Depuis le temps que TU en parles, ma chérie ! pense Fabien. Mais si tu savais comme, MOI, je m’en fiche de tes rayures et de tes fleurettes ! Si ça ne tenait qu’à moi, un bon coup de blanc sur les murs et basta ! »
La jeune femme quitte la pièce à contrecœur, une moue boudeuse dessinée sur les lèvres. En sortant elle lui lance :
— Tu n’oublies pas d’aller chercher les enfants à l’étude tout à l’heure, j’ai mon rendez-vous chez le coiffeur ! »

La chambre plongée dans la pénombre était silencieuse. Les longs cheveux dorés de Cynthia effleuraient sa peau en une caresse délicate. Leurs deux souffles mêlés s’exhalaient au rythme des mouvements de leurs corps. Le lit grinçait sourdement, et peau contre peau, les deux amants laissaient le plaisir les envahir. Cynthia roucoula un gémissem…

« Dring !!!! Dring !!!!!!!! » Fabien fait un bond sur sa chaise et un laps de temps s’écoule avant qu’il réalise que le téléphone sonne. « Pas moyen d’être tranquille ! Jamais ce bouquin n’aura de fin, je le sens… » Il se lève à regret et va décrocher.
— Oui ? Lui-même… Oui, je me souviens de vous ! Non, pas encore mais je… oui, je sais, je… écoutez, vous pouvez bien m’octroyer un délai supplémentaire… je sais que j’ai déjà du retard… Oui… oui… Non… vos fournisseurs, bien sûr, mais… et si je vous en verse la moitié la semaine pro… attendez ! … mais je ne l’ai pas la somme totale, moi, vous me faites rire ! … oui et ben je peux pas… les huissiers ! Mais attendez, il n’y a pas de quoi s’énerver ! … Je vais me débrouiller, laissez-moi 3 jours… Oui… oui… Oui je vous dis ! Merci… oui… au revoir ! »
Marion, les enfants, l’école, le papier peint et maintenant les factures ! Fabien se sent devenir fou. Et la vie alors ? Sa vie, ses textes, son roman ? Fabien se dit qu’il aimerait bien être à la place de Marc, l’amant de la belle Cynthia, son héroïne. Pas de soucis matériels, pas de coup de fil intempestif, pas d’épouse exigeante, pas de gosse. Une femme, mais fatale, sensuelle, dévouée, et du plaisir, rien que du plaisir… Une vie de personnage de papier, irréelle et dénuée de contraintes. Au lieu de cela… Fichu pour fichu, Fabien éteint son ordinateur et descend à la cuisine se faire un sandwich.


Le corps en sueur, Marc et Cynthia écoutaient les battements de leur cœur qui se calmait peu à peu. Ils se laissaient aller à la douce torpeur d’après l’amour, apaisés, heureux. L’épaule blanche de la jeune femme luisait dans le demi-jour. Marc humait l’odeur épicée — mélange de jasmin et de pain d’épice — de son parfum dans le creux de son cou. Soudain, il eut à nouveau envie d’elle. Brutalement, il l’agrippa et glissa sa main entre ses …


La porte s’ouvre. Fabien réprime un geste d’agacement. Qu’est ce que c’est, cette fois-ci ? Le chauffe-eau qui fuit ? La voiture qui veut pas démarrer ? Le petit dernier venu lui montrer ses gribouillis ? Le doigt prêt à fermer la fenêtre Word, Fabien fait mine d’être absorbé, de n’avoir rien entendu. Faire le mort ça marchera peut-être mieux que de s’énerver… Il faut qu’ils comprennent tous qu’écrire est un métier et qu’il a besoin d’être seul. Il sent pourtant la présence de Marion derrière lui. A l’oreille, il a reconnu sa démarche. Mais qu’est-ce qu’elle veut ? Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Intrigué, il se retourne… et il reste muet de stupéfaction. L’œil agrandi de surprise, la mâchoire pendante, il contemple Marion. Sa lourde chevelure brune aux reflets cuivrés est dénouée sur ses épaules. Elle a maquillé ses lèvres de rose brillant et ses yeux verts sont délicatement éclairés de fard à paupière mauve. Ses longs cils battent lentement et un léger sourire détend ses traits. Tout en le fixant, elle fait glisser son peignoir de satin bleu jusqu’à ses reins, dénudant la moitié de son anatomie. Ses seins, petits mais bien formés, arborent fièrement leur galbe délicat.
— Mais… Marion…
Fabien ne peut en dire plus. Partagé entre l’étonnement et la consternation, il sait seulement que l’aiguillon du désir commence à le titiller. Brusquement, le peignoir glisse jusqu’au sol, dévoilant le corps nu de Marion. La jeune femme s’avance jusqu’à toucher Fabien et le doigt posé sur ses lèvres, murmure :
— Chuutttt… Depuis près de trois semaines, tu fais pousser des gémissements de plaisir à ton héroïne. Et pour moi, rien du tout ! J’en veux aussi ma part. Maintenant ! Et puis ça stimulera ton inspiration pour la suite ! Il n’y a rien de mieux que les travaux pratiques pour étayer une théorie ! »

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