J'écris. Pour un blog littéraire, il vaut mieux. J'écris de tout, pour les jeunes, les moins jeunes, des nouvelles, du théâtre, de l'humour et mes humeurs. La liste des courses, alors que d'autres dressent la liste de leurs envies... Mais je vous l'épargnerai ! La liste des courses, je veux dire. Donc, bonjour et bienvenue sur "Ah, vous écrivez ?" mon blog littéraire.
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samedi 7 mai 2011

La clé du bonheur.

—Eh ! Mais quel abruti, c’est pas possible ! Tu as claqué la porte et on est enfermé !
Frédéric contemplait Elsa d’un air étonné.
—Mais tu as la clé sur toi, je t’ai donné le trousseau hier soir !
Elsa s’agrippa les cheveux à deux mains et se mit à faire les cent pas.
—Je les ai oubliées sur ton bureau, gémit-elle.
—Ah ouais, et c’est moi l’abruti ! Tu manques pas d’air !
Frédéric soupira et alla s’asseoir sur un gros sac de linge. La pièce était la buanderie de l’hôpital où ils travaillaient et accessoirement, l’un des lieux de leurs ébats. Mais plus question de penser à la bagatelle pour l’instant ! Il faisait chaud dans le local et Elsa s’agitait de plus en plus
—Bon écoute, calme-toi, assieds-toi et réfléchissons plutôt au moyen de sortir de là.
Elsa s’arrêta de marcher et lui lança un regard noir.
—Des solutions, y en a pas des centaines, j’ai pas la clé, il faut que quelqu’un nous ouvre. Et personne doit être au courant de notre liaison, donc on doit pas nous voir ensemble. Tu piges le truc, là ? Qu’est-ce qu’il dit le gros malin, hein ?
Elle avait parlé lentement, en détachant les mots comme quand on s’adresse à un enfant pour qu’il comprenne mieux « ou à un imbécile, pensa Frédéric » et avait haussé le ton sur la dernière phrase. Frédéric ne releva pas. A quoi bon s’énerver ? Ils étaient amants depuis six mois — un record pour lui ! — et Frédéric se lassait déjà. « Cette relation ne m’apporte rien et ne peut que me nuire. » Comme si la jeune femme lisait dans ses pensées, elle dit :
—Si jamais quelqu’un vient à savoir que l’interne se tape le toubib responsable de son stage …
La phrase resta en suspens. Elsa se remit à marcher de long en large dans le local, sourde et muette aux soupirs d’exaspération de Frédéric. Soudain, ce dernier s’écria :
—J’ai une idée ! Tu téléphones à Marion, tu lui expliques que tu étais venue chercher des draps propres, que la porte s’est refermée, que tu peux plus sortir parce que t’as pas la clé ! Moi, je me cache derrière les sacs de linge. Quand elle arrive, tu sors avec elle et tu viens me rechercher après. T’as bien ton portable ? Ou ton biper ?
Au regard désespéré qu’Elsa lui jeta, il crut qu’il allait se mettre à hurler. « Non mais quelle gourde, cette nana ! Qu’est-ce que je fous avec une cruche pareille ? » Il se leva d’un bond. Un éclair de colère dansait dans ses yeux bruns. Il s’apprêtait à lui répondre vertement lorsqu’ils entendirent des pas derrière la porte. Puis une clé qu’on introduisait dans la serrure. Sans plus réfléchir, Frédéric plongea derrière un amoncellement de draps empilés dans un coin. Elsa les arrangea rapidement afin qu’ils le cachent et se retourna juste à temps. Marion ouvrait la porte.
—Oh ! Elsa, qu’est-ce que tu fais là ?
Celle-ci lui débita le scénario mis au point par Frédéric et les deux jeunes femmes sortirent du local en riant.
Une fois arrivée dans le bureau du médecin, Elsa chercha le trousseau. Mais son geste s’arrêta en chemin. « Et si je le laissais un peu moisir dans son cagibi, le toubib ? Après tout, c’était pas la joie ces derniers temps, ça lui fera les pieds ! Il est trop vantard, le mec, un jour il va manger le morceau et moi je vais me retrouver dans la panade ! » Elle rangea les clés dans le tiroir du haut. Un sourire détendit ses lèvres et elle sortit de la pièce en fredonnant.

1 commentaire:

  1. Bien fait pour le docteur, ça lui fera les pieds quelques heures ;)
    Céleste

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